Ma petite tranche de vie… jusqu’à Saint-Jacques

Bonjour,
 
Suite à la conférence de Camille Chai au centre La Tienda, j’ai eu la joie de rencontrer Anne et je lui ai raconté mon histoire. Elle m’a convaincu de faire un témoignage pour inspirer les gens qui remettent à demain de faire le chemin de Compostelle. Voici donc mon histoire.
 
Le 19 novembre 2013, à l’âge de 37 ans, j’ai reçu un diagnostic de myélome multiple : le cancer de la moelle osseuse. Ce type de cancer assèche la moelle osseuse, fragilise les os et occasionne des micro fractures. J’avais des douleurs osseuses depuis plus d’un mois et à la veille de mon diagnostic, j’ai eu une fracture au bassin qui m’a empêché de me lever du lit durant 2 jours. J’ai dû porter un carcan durant plusieurs mois et marcher avec une marchette car j’avais des fractures multiples au dos et aux hanches. J’ai été hospitalisé durant 1 mois car je n’avais pas assez de force et ma formule sanguine n’était pas très belle : plaquette, globules blanches et rouges étaient au plus bas.
Au mois de mai 2014, j’ai reçu une autogreffe de cellules souches. Bien entendu j’ai reçu une bonne dose de chimio qui a complètement détruit mon système immunitaire et par la suite ils m’ont redonné mes cellules souches qui ont été « nettoyées » auparavant. En moins de 2 semaines j’étais sortie de l’hôpital et ce à la grande surprise des médecins car je n’ai eu aucune complication, fièvre ou infections.
 
En septembre 2014 mon frère m’a fait don de ses cellules souches (mini allogreffe apparenté) car c’était le seul « remède » pour moi d’avoir enfin une rémission. Encore une fois, j’ai reçu de la chimio qui a détruit à moitié mon système immunitaire afin que les cellules souches de mon frère prennent place et détruise mon autre moitié. Le tout s’est bien passé encore une fois. Au mois de février suivant, le médecin m’a annoncé qu’il n’y avait plus aucune trace de la maladie! Wow! Le pire est enfin derrière…et non… Novembre 2015, je reçois un appel du médecin et elle m’annonce que la maladie est de retour. Heureusement un médicament est disponible pour les gens qui ont reçu une allogreffe, je le débute dès le mois de décembre. Horreur! Je fais une réaction allergique à ce médicament. Durant quelques semaines j’ai dû prendre des anti allergènes en faisant une pause de ce médicament. Après la période des fêtes, j’ai repris le médicament et tout s’est bien passée. Depuis, les traces de la maladie diminuent de mois en mois. Je ne rêve qu’au jour où le médecin me dira que la maladie est enfin disparue.
 
Au mois de mai 2016, j’ai décidé de réaliser un de mes rêves : aller en France et marcher sur le chemin de Compostelle. J’ai fait une tonne de lecture sur les choses à apporter dans son sac, les différents chemins que nous pouvons marcher, le prix des gites, le transport, etc. Mon choix s’arrête sur le GR-65 en France car il passe dans la ville de Cahors (là où mes vins préférés sont cultivés). Une amie me fait part qu’il y a une boutique à Verdun qui donne des informations sur le chemin. En moins de deux, je vais sur le site internet et je réserve une heure pour la formation sur le sac à dos. Wow et rewow! Merci un million de fois au centre la Tienda. Suite à cette merveilleuse formation et aux conseils précieux qu’ils m’ont donnés, je suis prête à partir.
 
Juin 2016: c’est un départ pour la grande aventure! Je pars seule avec mon sac à dos et… presque 1 livre de médicaments. Je suis partie du Puy-en-Velay et j’ai terminé mon périple à Cahors; ±350 km de marche en 17 jours de marche. Je pourrais vous en parler durant des heures de tout ce que j’ai pu vivre là-bas mais la meilleure façon de le savoir est d’y aller par vous-même. Si vous avez la moindre intention de faire ce voyage, je vous conseille de le faire immédiatement. Il y a pleins de raison de ne pas faire mais encore plus d’y aller. Les rencontres que vous allez y faire, les paysages, la paix intérieur, l’architecture des immeubles, les rires et les pleurs vous rendront différents. Que vous soyez en super forme ou pas, chacun y va à son rythme et avec les capacités que la personne possède. Le soir vous allez retrouver les gens de toute façon car tout le monde s’attend au prochain village pour partager un bon souper bien mérité. Je ne dis pas que le chemin se fait facilement et sans douleur : j’ai eu des problèmes avec mes genoux et certaines étapes n’étaient pas évidentes car il y avait de bons dénivelés, mais le plus important c’est que je l’ai fait! J’arrivais toujours dans les dernières car je prenais mon temps et je prenais souvent des pauses : est-ce important? Non, car je le faisais pour moi et je voulais profiter du moment présent.
 
Voilà! C’est ma petite tranche de vie que je voulais partager avec vous pour vous inspirer et vous donner l’envie de faire le chemin de Compostelle, quel que soit la partie du chemin que vous avez envie de marcher. Je pense déjà à mon prochain départ qui j’espère sera l’année prochaine.

Mélanie St-Jacques.