«Vous n’êtes pas des mulets!» : les conseils d’une habituée de Compostelle aux piétons de Montréal | 24 heures Chroniques, mardi, 16 mai 2017

LOUIS-PHILIPPE MESSIER
Mardi, 16 mai 2017 00:30MISE à JOUR Mardi, 16 mai 2017 00:30

Pour parler de technologie vestimentaire, la meilleure conseillère que je connaisse est une passionnée de routes médiévales. Fondatrice du Centre La Tienda qui forme les adeptes du chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, Anne St-Hilaire allège, améliore, rationalise l’attirail du pèlerin. Si elle observe ses concitoyens à travers la lorgnette pratico-pratique, elle remarque trois grandes erreurs vestimentaires chez les Montréalais : les sac-à-dos qui bafouent l’ergonomie, les chaussures inadéquates et les vêtements lourds et salissants, etc.

«Si j’étais un tyran, j’abolirais 99 % des mallettes et des sacs-à-dos que je vois et qui semblent une conspiration des chiropraticiens pour se bâtir une clientèle!» dit Mme St-Hilaire.

Le sac doit être ultraléger et s’attacher fermement aux hanches par une courroie latérale cousinée, les ganses doivent tenir souplement aux épaules pour équilibrer le sac : «Le poids doit reposer sur les hanches, jamais sur le dos», dit-elle.

Or, elle voit partout des étudiants surchargés qui forcent des épaules. «J’ai envie de leur dire : Vous n’êtes pas des mulets!»

Non aux «baskets» !

Pour les chaussures, Anne St-Hilaire recommande les boutiques spécialisées où les conseillers sont des pros. «Exigez des chaussures de marche, précise-t-elle. Pas des baskets, des tennis ou des souliers de course : des modèles conçus exprès pour la marche. À chaque sport ses exigences, et la marche a les siennes.»

Important : il faut magasiner ses chaussures le soir ou après une marche lorsque les pieds sont fatigués, sensibles et enflés : «C’est important, sinon vous ne pourrez pas bien jauger leur confort.»

Et les souliers ne sont pas tout : «Il faut des chaussettes qui gardent le pied au sec, idéalement en laine mérino, cousinées en dessous, cintrées au milieu et aérés sur le dessus» dit-elle.

Garde-robe vétuste

Pour le reste de la garde-robe, Anne St-Hilaire s’avère impitoyable : «Vos chaussettes, vos sous-vêtements, vos pantalons, vos chandails, vos chemises devraient n’exiger aucun repassage, s’avérer souples, ultralégers, doux et agréables au toucher, résister à l’usure plusieurs années, respirer et sécher tellement vite que la sécheuse devient presque superflue.»

Selon elle, l’immense majorité des gens s’imposent des maux inutiles avec des garde-robes vétustes, composés de vêtements rigides et lourds qui se mouillent vite et sèchent lentement, en cultivant des bactéries odoriférantes, et qui requiert des soins à n’en plus finir : lavage, repassage, nettoyage à sec, séchage à plat, etc.

Dans sa boutique/café/librairie/salle de conférence situé à côté de la station de L’Église, à Verdun, Mme St-Hilaire tient des marques comme Outdoor Researsh et Ice Breaker – cette dernière compagnie se vante de fabriquer un chandail que l’on peut porter quatorze jours sans qu’il sente.

«C’est bizarre que chacun soit si exigeant avec ses appareils électroniques et si indifférent aux avancées de la technologie vestimentaire», déplore-t-elle.

Bref, on a le iPhone dernier cri et on s’habille comme un primitif.