CONSEILS POUR LE FUTUR PÈLERIN – Nomade Magazine – 25 MARS 2017

 PAR  25 MARS 2017


Le printemps 2016 a été riche en émotions pour moi, puisque j’ai décidé de réaliser mon rêve et de marcher dans les pas des pèlerins de Compostelle. Je parlerai de mon pèlerinage dans un article à venir, mais, pour commencer, je veux surtout m’adresser aux futurs pèlerins et leur donner de précieux conseils sur la préparation de leur pèlerinage pour qu’il soit le plus agréable possible. Certains conseils m’ont été donnés par les pèlerins expérimentés avec qui j’ai parlé avant mon départ et d’autres viennent de ma petite personne, parce que, sur certaines choses, j’ai appris à la dure! J’aimerais vous l’éviter, si possible.

1) Le poids du sac et ce qu’il faut apporter
Tu as trop de choses dans ton sac. Je te le jure. Même si tu penses que tu n’as mis que le strict minimum, ce n’est pas vrai, regarde encore. Dis-toi que, ce sac-là, tu vas l’avoir sur le dos au moins 5 heures par jour en marchant sur tous les reliefs possibles et imaginables, alors tu veux vraiment qu’il soit le plus léger possible. Beaucoup de pèlerins doivent s’arrêter en chemin pour retourner des articles chez eux et ça coûte cher de poste, alors aussi bien faire la sélection finale du confort de ton foyer. Si tu vas sur le site web de la géniale boutique La Tienda, tu trouveras la liste des éléments qu’ils suggèrent d’emporter et elle est au point. Sortir de la superficialité de notre vie courante est l’un des aspects les plus rafraîchissants du pèlerinage et donc ne t’en fais pas si tu as 6 morceaux pour toute la durée de ton aventure. Ton journal intime ne devrait pas être une reliure de cuir de 500 pages, ton oreiller devrait rester chez toi, ta lecture devrait être un roman format poche et ton choix de chaussures devrait se résumer à tes bottines de marche et tes gougounes. Ton savon de Marseille servira à laver ton corps, tes cheveux et tes vêtements. Prends la version légère de tout ce dont tu as besoin.

Sacs à dos sous la pluie.

2) L’achat d’une assurance voyage
Achète-toi une assurance voyage, par pitié. Bien peu de pèlerins se rendent à destination sans avoir besoin de faire un petit détour par la clinique, l’hôpital ou la pharmacie. Je ne dis pas ça pour te décourager, parce que j’ai été vraiment malchanceuse et qu’il ne faut pas me prendre en exemple, mais j’ai dû aller à l’hôpital 5 fois en tout durant mes 40 jours de pèlerinage, dont une fois en ambulance. Et j’ai dû m’acheter beaucoup de médicaments et de crèmes donc, même si l’assurance voyage peut sembler dispendieuse, c’est réellement de l’argent bien investi. J’ai sauvé quelques milliers de dollars en prenant cette précaution.

3) Le soin de tes petits pieds
Quelques semaines avant le début de ton pèlerinage, mets une crème anti-frottements sur tes pieds pour les préparer et continue à en mettre dès que tu commences à marcher, bien sûr. Je te suggère fortement la crème Sports Akileïne de NOK, elle fait des miracles. Ensuite, c’est toujours bien d’avoir des diachylons pour les parties de ton pied qui sont particulièrement exposées aux frottements. Choisis des chaussures une demi-pointure plus grande que celles que tu portes normalement, parce que tes pieds risquent de prendre un peu d’expansion à force de marcher. Et de grâce, casse tes bottines avant de partir! Pour ce qui est de tes gougounes de repos, choisis quelque chose de confortable et qui se porte dans les douches idéalement.

Bottes de pèlerins.

4) Guide papier ou application?
Je te suggère vivement un guide format papier même si les versions électroniques peuvent apporter un complément d’information intéressant. Selon le pèlerinage, les prises électriques ne sont pas toujours accessibles et tu ne pourras peut-être pas charger ton téléphone tous les jours, alors c’est mieux de ne pas trop en dépendre. Dans mon cas, les prises étaient des denrées rares et les pèlerins se jetaient dessus dès leur arrivée, alors j’ai passé quelques jours de marche avec un téléphone mort. C’est aussi la raison pour laquelle il est mieux d’apporter un petit appareil photo et de ne pas juste se fier à celui sur son cellulaire (et les photos seront plus belles). Ceci dit, pour tous les pèlerinages de Compostelle, l’application Wise Pilgrim est géniale, quoique seulement en anglais. Je suis certaine qu’il existe des équivalents pour les autres pèlerinages.

5) Vive la laine de mérinos
J’ai fait l’erreur atroce de vouloir économiser de l’argent et je me suis acheté des vêtements en tissu synthétique. D’accord, la laine de mérinos, c’est très dispendieux et je ne connais pas beaucoup de gens qui aiment dépenser entre 70 et 100$ pour un t-shirt, mais ça en vaut vraiment la peine. J’ai passé mes journées trempée de sueur à frissonner dès qu’il y avait une baisse de température. Au moins, j’avais acheté des bas en laine de mérinos, alors mes pieds sont restés au sec, mais j’ai regretté tout le long de ne pas avoir suivi les sages conseils de tous ceux qui m’ont vanté les vertus de la laine de mérinos. Il y a plusieurs marques qui font des produits de qualité : Icebreaker, Smartwool, et, au Québec, le Bonnetier.

6) Le choix du sac à dos
Le sac à dos doit être le plus léger possible quand il est vide et le plus confortable possible, bien sûr. Et il faut se familiariser avec lui, donc je vous suggère de le porter lorsque vous partez en randonnée avant le grand jour. Toutes les ganses sont là pour une raison et vous devez bien les ajuster pour que le sac colle à votre silhouette. Le centre La Tienda donne justement des formations « sac à dos » où ils passent avec vous en revue quoi apporter, comment le disposer à l’intérieur du sac et comment ajuster le sac sur vous-même. Ça regorge d’informations utiles. Vous pouvez économiser sur bien des choses avant d’économiser sur votre sac à dos. Ne le choisissez pas trop grand non plus, vous serez alors tenté de le remplir avec des extras et il risque d’être trop lourd. On suggère normalement un sac qui pèse entre 8 et 10 kilos, et ce incluant votre eau.

Mon sac à dos Osprey.

Mon sac à dos Osprey.

7) L’entraînement et la préparation
Entraîne-toi avant de partir, et j’ajouterais : pas juste sur du plat. Ça a été mon erreur. J’ai fait quelques randonnées (clairement pas assez) et elles étaient surtout sur des sentiers plats, donc relativement faciles. Je n’étais pas physiquement prête pour le défi de taille qui m’attendait et ça a donné deux tendinites aux genoux, ce qui est très fâcheux quand tu prévois marcher 20 kilomètres par jour. Donc, profite de tes fins de semaine pour marcher, marcher, marcher, et sur tous les reliefs possibles. Profites-en aussi pour porter tes bottines de marche, les vêtements que tu comptes porter pendant ton pèlerinage et ton sac à dos. Si je l’avais fait, il y a une de mes paires de pantalons qui ne se serait jamais rendue en Espagne, parce que je l’ai trouvée très inconfortable, mais, quand on a deux paires de pantalons, on les met forcément souvent. La majorité des pèlerinages sont dans des endroits retirés et, donc, il se peut que tu ne sois pas entouré de magasins SAIL, MEC et Atmosphère. C’est donc bien de prévoir.

8) Les bouchons
L’une des choses les plus utiles dans une vie de pèlerin, ce sont les bouchons. Tu vas dormir dans des dortoirs remplis de gens qui ont marché toute la journée, qui ont probablement bu quelques verres le soir et dont une bonne partie a 50 ans et plus et, donc, si tu ne veux pas développer une haine irrépressible envers l’espèce humaine, des bouchons sont de mise. Beaucoup de pèlerins se lèvent dès 5h du matin et, donc, si tu veux avoir un sommeil réparateur et être en pleine forme, tu vas avoir besoin de mettre ta vie sur mute quelques heures. Par contre, les terreurs nocturnes des pèlerins risquent de te réveiller quand même. Oui, oui, fait vécu.

9) La communication
Apprends les bases de la langue du pays où tu t’en vas et, si possible, un peu plus que les bases. Personnellement, j’avais appris quelques mots, mais je ne m’étais pas beaucoup investie dans l’apprentissage de l’espagnol et je ne me suis pas du tout rendue service. Les gens là-bas ne parlaient ni anglais, ni français et ils étaient très insultés que je ne sache pas me débrouiller dans leur langue. Et, quand j’allais à la pharmacie ou à l’hôpital, ce n’était pas super pratique de ne pas pouvoir expliquer ce que j’avais. Heureusement, avec l’Internet, on finit souvent par se faire comprendre, mais on n’y a pas toujours accès. Sinon, pour parler avec des pèlerins venant des quatre coins de la planète, l’anglais sera fort pratique si on ne veut pas se limiter aux pèlerins francophones.

10) Le choix de musique
Mets-toi de la musique encourageante sur ton iPod. Tu peux te garder quelques morceaux plus mélancoliques si tu veux, mais tu auras surtout envie de chansons qui rythment tes pas et te remontent le moral quand ton corps te fait souffrir et que la pluie s’immisce partout. Honnêtement, je n’ai pas beaucoup écouté de musique, parce que le silence me faisait du bien et que j’étais plus ouverte à converser avec les pèlerins que je croisais, mais ma chanson Coconut Skins sur repeat m’a sauvé la vie.

11) Quelques articles vestimentaires utiles
Selon le pèlerinage, des pantalons imperméables et des gants sont une bonne idée. Je n’avais ni l’un ni l’autre, et je les ai regrettés. J’ai fini par m’acheter les pantalons en chemin, parce que j’ai été particulièrement gâtée côté pluie. Et marcher dans les Pyrénées à 0 degré, c’est vraiment désagréable quand tes mains sont gelées et raidies par le froid. Il peut y avoir de grosses différences de température d’une région à l’autre et c’est bien de s’informer avant de partir. Un chapeau est de mise pour les journées ensoleillées et chaudes.

La température peut changer énormément d'une région à l'autre.

La température peut changer énormément d’une région à l’autre

12) Le bâton du pèlerin
Les bâtons vont te rendre la vie beaucoup plus facile. Après, le truc, c’est de ne pas les oublier partout où tu t’arrêtes, ce que j’ai failli faire quelques fois. Les sacs à dos Osprey contiennent un élastique où les mettre en temps d’arrêt, ce qui est fort pratique. Mais ils allègent le poids sur les genoux dans les montées et les descentes et préviennent certaines chutes dans les pentes particulièrement abruptes. C’est mieux de les choisir pliables afin de les ranger facilement.

13) Gourde ou sac d’eau?
Il existe plusieurs types de gourdes, mais, selon moi, la meilleure sorte ce sont les sacs de type Camelback qui se rangent à l’intérieur du sac et restent au frais alors que la paille est enfilée dans la bretelle à proximité de la bouche. Pas besoin d’essayer d’atteindre la bouteille pendant la marche, c’est accessible et rapide. Par contre, je trouvais que même après le nettoyage, l’eau provenant de mon sac goûtait un peu le plastique, je la mélangeais donc souvent avec du Gatorade ou autre boisson du genre pour masquer le goût, mais l’une de mes compagnes avait une poche à eau de marque Osprey et n’avait pas ce problème. C’est ce que je prévois apporter pour le prochain pèlerinage.

14) Le temps
Laisse-toi plus de jours que le nombre prévu pour ton pèlerinage. On n’est jamais à l’abri des malchances et des imprévus. Tu ne seras peut-être pas toujours dans la possibilité de suivre les étapes suggérées et, ce, pour plusieurs raisons. Mes rendez-vous à l’hôpital ont reporté certaines journées de marche, mes blessures m’ont forcée à ralentir et à parcourir moins de distance certains jours et j’ai parfois choisi d’écourter mes marches à cause de la température peu clémente. C’est bien d’avoir du jeu et de se laisser quelques jours de repos au cas où. Rendu à destination, c’est bien d’avoir deux ou trois jours pour décanter et assimiler l’expérience.

15) Les rituels
C’est bien de s’informer des traditions et des rituels avant de partir, parce que certains d’entre eux nécessitent une préparation avant le départ. Dans mon cas, pour le chemin français de Compostelle, il y a un endroit qui se nomme « La croix de fer » et la tradition veut qu’on apporte une pierre de son pays d’origine et qu’on la pose au pied de la croix pour symboliser quelque chose qu’on laisse aller (ou quelqu’un, bien sûr). On peut se créer des rituels personnels aussi, c’est donc bien de réfléchir avant le départ à ce qu’on recherche dans notre pèlerinage et à des façons symboliques d’accomplir nos objectifs. Une conférencière que j’ai vue avait apporté les cendres de sa mère pour les laisser sur le chemin, pour la laisser partir… Personnellement, j’avais apporté de petits objets des gens qui me sont chers pour me sentir accompagnée dans mon périple et ça m’a bien aidée dans les moments difficiles. D’ailleurs, les petits toutous en forme de vache et de tortue de deux de mes amies se sont retrouvés dans plusieurs photos. J’ai fait une vraie Amélie Poulain de moi-même!

L'Amélie Poulain de Compostelle.

L’Amélie Poulain de Compostelle.

Donc, voilà la liste non-exhaustive des milliers de conseils que je donnerais à un futur pèlerin. Marcher dans la nature pendant des centaines de kilomètres est une expérience unique qui t’apportera probablement beaucoup et, ce, dans plusieurs aspects de ta vie. Mais pour te concentrer sur les côtés agréables, il est toujours bien de bien se préparer et de limiter ainsi les désagréments dus aux imprévus. Sur ce, peu importe où tes pas te mènent, je te souhaite : Buen camino.

Si tu as des questions d’ordre pratique, que tu souhaites t’équiper, assister à des conférences sur différents pèlerinages, suivre la formation sac à dos ou réserver ton vol et tes auberges, le Centre La Tienda est l’endroit pour toi: https://centrelatienda.com/.


 

L’AUTEUR

Laurence Brouillard-Turbide

Je suis une aspirante écrivaine ayant étudié en cinéma et en traduction. J’ai jumelé mon amour du français et du 7e art en devenant sous-titreuse, mais ma plus grande passion demeure les voyages. J’aime non seulement explorer de nouveaux endroits, mais m’y installer dans le quotidien afin de goûter à un style de vie différent de celui de la banlieue montréalaise! Mon blog de poésie: https://verslebrouillard.wordpress.com/ Instagram: laurencebrouillardturbide