TÉMOIGNAGE D’UNE MIRACULÉE | Lyse L.

« Bonjour à tous et toutes et particulièrement à ceux et celles qui craignent que le chemin de Compostelle ne soit pas à leur portée à cause de leur âge, leur santé ou de leur poids.

En décembre 2014, suite à l’annonce d’une petite masse à mon sein gauche, je passe une série de tests et finis par rencontrer une chirurgienne et un oncologue. 

Travaillant depuis plus de 30 ans  en soins palliatifs, mon réflexe a été de faire une mise à jour de ma liste d’essentiels à réaliser.  Au printemps 2015, en attendant des développements suite à ces examens, j’ai  réalisé que je reportais depuis 30 ans, pour toutes sortes de très très bonnes raisons, le projet d’aller marcher le chemin de Compostelle. 

Après avoir pleuré et pesté contre la vie et après avoir fait face à mes peurs, j’ai pris mon courage et  je me suis rendue au Centre La Tienda d’ici à Compostelle  afin de me renseigner sur le chemin. J’ai été accueillie par Anne qui a su répondre à toutes mes questions et qui m’a expliqué le quotidien d’une pèlerine. Elle m’a donné des conseils afin que je sois bien préparée à marcher les 15 km  par jour (le minimum à rencontrer pour s’assurer une auberge). Anne a su trouver les mots pour me rassurer à propos des hébergements, des repas etc…,  sans douter un instant que je pourrais le réaliser… et ce, malgré le fait que j’avais 56 ans et que je pesais 312 livres. 

En avril, avec l’arrivée du printemps après avoir analysé le parcours plusieurs fois, consulté quelques guides et surtout après avoir fait le point avec moi-même,  j’ai suivi le conseil qu’ Anne m’a donné : le chemin se fait un pas à la fois. J’ai dès lors acheté une bonne paire de souliers et des bâtons de marche et j’ai commencé à marcher d’un banc de parc à un autre, et en quelques semaines j’ai été en mesure de marcher 1, 2, 3, 5, 8  et 15 tours de mon parc de quartier et au début juillet, le presque qu’impossible se réalisa, c’est à dire que j’ai été capable de marcher 15 km, 7 jours consécutifs ! 

Fière de mon exploit, me revoilà, à la boutique pour acheter mon équipement tout en téléphonant mon agence de voyage afin de réserver mon billet d’avion pour l’Espagne via Paris. (La Tienda ne détenait pas encore à cette époque le permis de grossiste en voyage.) Ma fille chérie est venue me reconduire en Europe et nous avons visité Paris ensemble. J’ai eu, dans la même occasion, l’immense bonheur de la voir découvrir Paris et après, les yeux pleins de larmes, je l’ai reconduite à son avion pour Montréal et j’ai pris le train vers St-Jean-Pied-de-Port.

Trois jours avant mon départ, mon oncologue me confirme le diagnostic de cancer  et m’indique qu’elle ne pourra pas m’opérer avant la mi octobre. Je lui explique mon projet  de marche et elle m’encourage à aller de l’avant. Suivant les instructions de l’oncologie  je suis partie avec un petit surplus de bagages : flacons d’hormones afin de ralentir la multiplication des cellules cancéreuses, des anti-nausées, anti-constipation et des anti-diarrhées comme il disait juste au cas de …, et une série d’autres petites bouteilles juste au cas où…

Respectant la demande de mon conjoint je lui ai promis de faire un face-time par jour afin de le rassurer que tout est Ok et rassurant mes enfants que je serais extrêmement prudente à tout moment.

Je suis partie en me promettant de faire un pas à la fois, de me respecter et surtout de permettre au chemin de prendre soin de moi. 

J’ai …

  • marché 6 semaines;
  • fait de merveilleuses rencontres;
  • eu des discussions avec les gens en provenance de tous les continents;
  • couchée tôt, levée tôt, afin de pouvoir marcher tout en évitant le soleil et la chaleur et ainsi limiter les effets secondaires de ma pharmacologie;
  • appris à respecter mon rythme de tortue et à prendre soin de mes pieds comme jamais dans ma vie;
  • douté que je réussirais, j’ai pleuré, ri, prié, chanté, dansé le chemin;
  • reçu tellement… tellement : des aubergistes, des espagnols rencontrés, des pèlerins, d’un de mes frères qui est venu marché les derniers 100 km à mes cotés, de la nature, des lieux historiques visités, du chemin, des sentiers, des arbres…de la vie;
  • ré – appris à faire confiance à la vie et renouveler avec une phrase qui m’habitait depuis longtemps : pour le meilleur et le plus élevé.
  • j’ai marché 680 km du chemin car j’ai dû contourner les plus hauts monts afin de respecter ma condition;
  • j’ai perdu 65 livres.

Je suis revenue, j’ai été opéré, j’ai eu une multitude de complications  et ma chirurgienne et mon oncologue m’ont félicitée d’avoir oser marcher, tant ici qu’en Espagne. 

Après avoir récupérée,  en mai 2015 j’ai repris mes bâtons de marche et recommencé à marcher, 1 parc, 2 parcs, 5, 6 …12 …15 parcs et perdu du poids peu à peu.

Le 2 septembre 2015, je reviens de marcher toute essoufflée, inquiet mon conjoint m’amène voir notre médecin de famille : il m’examine et nous ordonne de nous rendre directement à l’urgence de l’hôpital le plus près. Il n’y a pas un moment à perdre. Après une nuit en observation avec oxygène, deux  arrêts cardiaques, 9 heures d’opération, un changement de valve, trois pontages plus un ventricule déchiré à réparer… je survie.  

Il s’en suit un mois  aux soins intensifs et ce afin de permettre à mon corps de récupérer et de quelques jours en soins intermédiaires qui seront suivis d’un séjour en centre de réadaptation pour réapprendre  à m’asseoir, me lever, marcher, monter les marches. 

En novembre, je retourne enfin à la maison.

Après quelques jours à la maison, en pleine nuit, je suis réveillée par une douleur :  mon ventre est en feu … vite, mon amoureux me ramène à l’urgence. Diagnostic : perforation du colon qui commande une chirurgie. Je me retrouve une autre fois aux soins intensifs, faisant face à une autre réalité: une stomie.

Anne, je te raconte tout cela car malgré ce récit, je crois sincèrement au meilleur et au plus élevé et que notre rencontre à la boutique en est la preuve, à mes yeux.  

Lors de leurs tournées,  j’ai demandé aux  médecins qui ont fait les suivis de mes traitements, qui ont effectué mes chirurgies et les suivis post-opératoires : « Docteur est-ce que j’ai trop marché? Est-ce que j’ai exagéré sur ma mise en forme et ma perte de poids ? » 

Et leurs réponses ont été unanimes: 

« Madame, que vous soyez encore parmi nous est un miracle : la marche ne vous a pas nuit, elle vous a sauvé la vie ! Vous vous en êtes sortie parce ce que vous avez marché. Vous étiez en forme pour faire face, entre autre à l’hérédité. 

Le fait que vous ayez marché en attendant votre chirurgie mammaire vous a permis de vivre l’attente de l’opération, tout en perdant du poids et surtout en cultivant votre moral. Bien que vous ayez eu des complications post-opératoires, vous avez passé au travers avec détermination,  une journée à la fois.

Il y a dans votre famille des antécédents de cancer et de problèmes cardiaques, vous avez en quelques mois dû faire face aux deux, en les prenant, un après l’autre, et en plus  vous avez été capable de récupérer en quelques mois, de deux opérations majeures et tout cela parce que vous étiez en forme. Oui vous étiez et êtes encore en forme grâce à la marche. Vous en êtes sortie sans diabète, sans cholestérol, sans perte cognitif et avec la fonction rénale qui a été fortement sollicitée. La marche vous a sauvé ! »

Alors, chère Anne, je tiens à te remercier d’avoir vu en moi le désir ardent de marcher Compostelle, d’avoir cru en mon potentiel de pèlerine malgré mon surpoids et mon âge. Merci de m’avoir si bien guidée. Ta boutique est plus qu’un lieu offrant des articles pour la marche …c’est un lieu célébrant la vie, un pas à la fois, un lieu de rencontre avec soi et les autres … merci à toi et aux personnes qui t’entourent d’être qui vous êtes, et de rayonner.

En passant,  j’ai repris mes marches et mes muscles qui avaient perdu leur tonus se raffermissent. Et encore pour le meilleur et le plus élevé, je fais un pas à la fois, un parc à la fois. Je continue à perdre, peu à peu du poids. 

Hier, j’ai réussi à marcher 12 km tranquillement pas vite avec le support d’une marchette ce qui me permet de m’asseoir à l’ombre et de profiter du moment  tout en respectant mon rythme de tortue. Le chemin est plus important que la destination et comme la personne qui a signé ma Compostella à St-Jacques m’a dit : « le chemin ne fait que commencer, buen camino señora! »

Sincèrement,

Lyse Lussier


COMMENTAIRES

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Écrivez-nous à:   commentaires@centrelatienda.com et mentionnez si nous pouvons y ajouter ou non…  votre nom !


Note :  Madame Lussier a toujours d’extraordinaires projets.  Elle est venue dernièrement me rencontrer pour me proposer d’organiser à La Tienda des ateliers de mandalas de sable qu’elle maitrise depuis plusieurs années.  Étant fervente de la beauté de cette forme de médiation… j’ai tout de suite accepté.

Puisqu’il s’agit d’une organisation « matérielle et physique » particulière, et vu l’espace nécessaire, nous sommes à planifier la logistique de ce genre d’atelier à La Tienda qui j’espère sincèrement, saura vous plaire.

Un autre magnifique projet pour vous faire du bien et ainsi contribuer à devenir des artisans et artisanes de la paix dans le monde !

(photo Internet : source :  http://voyagerloin.com/culture/art-en-voyage/les-mandalas-tibetains-instant-demerveillement-leurs-destructions/)